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2000-04
by Newsdee

    X-Philo forever !

 
 LE JARDIN
 

        Noir. La seule couleur visible était celle de l'obscurité cosmique.Dans cette salle close, il n'y avait rien de visible à l'oeil nu. Cette salle sillonnait les étoiles à l'intérieur d'un engin capable de traverser des distances démesurées. Un petite lumière rouge se mit à clignoter. Pas de manière violente, ce qui indiquait qu'il ne s'agissait pas d'une lumiŠre de danger, mais lentement, comme un réveil. Une lumière blanche et diffuse chassa progressivement les tenèbres de la pièce, révélant une petite habitation pourvue d'une table, une armoire, et une capsule d'hibernation. La capsule s'ouvrit lentement en émettant un chuintement, provoqué par l'ouverture des systèmes de fermeture hermétique. L'homme qui dormait à l'intérieur ouvrit les yeux peu à peu.

        La deuxième salle était une salle de laboratoire, que l'homme traversa à grands pas, une fois habillé, en direction d'une troisième salle du vaisseau, le poste de commande. Il vérifia rapidement les systèmes vitaux du vaisseau, puis les systèmes secondaires, et enfin les systèmes auxiliaires. Un sourire de satisfaction se dessina sur son visage: tout marchait à merveille. Il dirigea ensuite son attention sur l'écran principal du vaisseau, qui montrait ce qui avait provoqué son réveil. La grande plaque de verre montrait une planète ronde et bleue flottant au milieu du vide cosmique.

        Une semaine après, l'homme amorça l'aterrissage sur la planète inconnue. Il avait effectu‚ une série d'analyses, en commençant par la tectonique de la planète, et finissant par une recherche de vie. Il avait trouvé une vie végétale presque immédiatement, mais il ne fut pas surpris. En revanche son visage s'était illuminé quand il découvrit l'existence d'une
vie animale. Des organismes animaux dans d'autres planètes étaient encore inconnus, là d'où il provenait. Pour ne pas effrayer les intelligences inférieures qui peuplaient la planète, il transforma, par une illusion optique très astucieuse, son vaisseau en colline verte avec quelques arbres. Une fois posé, quelques minutes à peine sont passées avant qu'une créature
animale soit à portée de main.

        L'air ne lui était pas respirable, et ne souhaitant pas utiliser sa combinaison, l'homme resta à l'intérieur de son vaisseau-colline. Il devait cependant étudier ces créatures, et il envoya des robots en capturer quelques unes. Ces robots étaient programmés pour attirer sans violence un animal sujet d'étude jusqu'à la colline, pour l'endormir ensuite avec un gaz spécial. Son premier sujet d'étude fut vite capturé, c'était une petite créature à quatre pattes et une queue, qui semblait douée de quelques rudiments d'intelligence. Il lui fit des tests d'intelligence, la tua ensuite sans douleur, effectua des test génétiques et la disséqua. Etendant ses observations sur la table de la cabine d'habitation, il ne semblait pas satisfait. Et s'endormit, déçu et ereinté, sur la cabine d'hibernation transformée en lit.

        Un bruit sourd le réveilla quelques heures plus tard. Il eût peur pendant un moment qu'un quelconque animal soit entré dans le vaisseau et soit en train de détruire du matériel en cherchant de la nourriture. Cependant, quand il entra dans la salle de laboratoire, il n'y avait rien. Il jeta un rapide coup d'oeil à l'int‚rieur de la cabine de pilotage, prêt à esquiver un éventuel animal agressif. Mais la cabine était vide aussi. Etonné, l'homme activa les écrans extérieurs. Et il vit un animal assez grand, de sa taille, qui était accroché à l'un des faux arbres à l'extérieur. En le voyant, l'homme sourit. Cet animal était recouvert d'un pelage sombre, n'avait que quatre membres sans queue, mais ce qui était intéressant aux yeux de l'homme était le fait que l'animal était en train d'utiliser une brindille pour fouiller les trous du faux arbre, visiblement en espérant y trouver quelque petit animal ou insecte juteux. L'homme vit l'animal descendre de l'arbre avec agilité, puis ramassa un brin d'herbe et le mangea. C'était le parfait sujet d'étude pour l'homme du vaisseau. Il lança une grande nuée de gaz soporifique à
l'animal, pour l'endormir, puis l'enchaîna avec un harnais résistant avant de lui faire une anesthésie complète afin de l'étudier.

        Le grand animal avait de la famille. Apparamment, il vivait en horde, et celle-ci comportait une vingtaine d'individus. Il en avait déjà capturé dix, et s'empressait à chaque fois de faire de plus en plus de tests, en paraissant à chaque fois plus content et interessé. Finalement,avec l'avant dernier sujet de la horde, il effectua ce qu'il voulait tant faire: tenter une modification génétique. En retirant une partie de son corps, il recréa une partie de l'A.D.N. en modifiant les parties qui n'étaient pas à son goût, et plaça les cellules mutantes dans une matrice de croissance. Quelques jours plus tard, le premier specimen d'une nouvelle espèce apparut. Il était morphologiquement identique à la créature d'origine, mais celle-ci ‚tait plus agile, plus grande, et surtout plus intelligente. Elle semblait avoir compris que l'homme l'avait créée, et se tenait toujours à une distance respectueuse de l'homme si ce dernier ne lui faisait pas signe de s'approcher. L'homme avait hâte d'essayer la modification ultime qu'il avait apporté à sa créature. Il l'avait enfermée pendant quelques jours dans une cabine où tournait un enregistrement, et quand il l'ouvrit, la créature le regarda, calmement, et un organe en elle bougea. Le son "père" se fit entendre. L'homme ne put pas retenir une larme de tomber. Non seulement il avait pu doter sa créature de langage, mais elle savait s'en servir, quoique rudimentairement. L'homme entreprit à lui apprendre des bases d'un langage un peu plus évolué, et à pronocer ce qu'il savait déjà plus correctement.

        "Père, seul je." dit la créature un jour à l'homme. Il avait essayé de la faire se réproduire avec une femelle de son espèce précédente, mais les espèces n'étaient pas compatibles. Son oeuvre ne pouvait être achevée sans que cette créature ait de la descendance. Elle pouvait parler, très sommairement, mais savait se faire comprendre. Et l'homme fesait tout pour
que sa créature se sente à l'aise. Il lui a même permis de vivre à l'extérieur, mais il avait placé une barrière de protection pour qu'aucune autre créature affammée mange son protégé. La créature, trouvant à manger partout dans la colline, n'essaya jamais d'en descendre.

        Un jour, pendant que la créature dormait à l'extérieur, l'homme sortit de la colline pour la première fois. Il avait revetu sa combinaison de protection, et s'approchant de sa créature, prépara une bouteille de produit anesthésiant. Assez vite, il prit un petit robot chirugical et découpa une côte à la cr‚ature, pour avoir assez de matériel chromosomique. Quand la créature s'éveilla, elle se vit confrontée au deuxième specimen de son espèce, une femelle. L'homme était content de sa seconde création. Il avait réussi à cloner puis à modifier subtilement la créature. Quelques mois plus tard, des petits naissaient. L'homme effectua des longs tests anodins sur ces petits pour s'assurer de leur parfaite santé. Et il fut satisfait.

        Il fut encore plus satisfait quand il remarqua que le mâle avait entrepris, de sa propre initiative, d'enseigner son langage et ses connaissances à sa femelle et petits. L'homme alors rangea tous ses dossiers d'observation dans l'armoire, et, satisfait, il se mit à confectionner des petits appareils qui permettraient aux créatures de respirer à l'int‚rieur de son vaisseau. Il en donna une à chaqune des créatures, qui le prirent comme une chose vitale. Et il les laissa vivre dans l'enceinte de la fausse colline, dans l'abondance et le bonheur, coupés du reste
de la planète, et assistés par les robots du vaisseau. Et l'homme se mit à faire d'autres calculs. Une fois sa créature prête, il pourrait la laisser vivre seule et partir vers une autre planète, même si cela lui fendait le coeur. Il decida de prolonger le plus possible son séjour.

        Une nuit, la créature parlait avec sa femelle. "Non aller." disait la femelle dans le silence interropu par les petits bruits que fesaient ses petits en dormant et les rares robots en activité nocturne. "Faut.", répondit le mâle. Il avait découvert un robot manipuler un objet étrange à l'intérieur du vaisseau. Quelque chose d'important se cachait là dedans, et son créateur
ne lui en avait pas parlé. Peut-être était-ce encore un autre test. La créature comprenait ce qu'inconnu voulait dire, ainsi qu'épreuve et initiative. Alors subtilement, elle entra à l'intérieur de la colline. Il connaissait par coeur cet intérieur étrange, auquel il était habitué. Il vut que son créateur dormait, et se dirigea vers l'objet tant convoité. L'objet sembla détecter son approche, et s'ouvrit, revelant une gravure de la forme d'une main. Lentement, la créature posa sa main dessus. Pour la première fois, il remarqua qu'il avait une main, comme son créateur. Et un flash de lumière se produisit dans sa tête. A peine avait-il posé sa main, un gigantesque nombre de connaissances emplit son esprit. Il comprit tout. Il apprit ce qu'était son créateur, d'où il venait, et ses intentions. Il apprit tout de la technologie qu'il utilisait. Il avait tout appris. Il savait. Et la lumière inonda brutalement la pièce.

        L'homme était hors de lui. Sa créature avait profané le containeur de sa mémoire, l'objet qui sauvegardait le contenu d'une mémoire précise pour la restituer en cas de besoin. La créature, à présent, était parfaitement consciente de ce qu'elle était, et surtout que son créateur ne souhaitait pas qu'une telle chose arrive.

"C'était nécessaire", dit la créature.
-"Je sais", répondit l'homme. C'était la première fois que la créature comprenait ce que l'homme disait "Mais à présent je ne peux te garder. Je suis obligé de te bannir de ma             colline-vaisseau, de ton jardin paradisiaque."
-"Je comprends, père. Adieu."

Et il sortit pour réveiller sa famille, pendant que l'homme éteignait les barrières de protection extérieure. La créature et sa famille descendirent de la colline, et commencèrent à découvrir le monde extérieur. Pour la créature mâle, rien n'était nouveau. Il connaissait déjà tout sur cette planète.
 
Fermant son vaisseau, l'homme se mit à pleurer. Il avait perdu sa créature, pour toujours. Il alluma les systèmes de décollage, et, avant de partir vers l'immensité cosmique, regarda une dernière fois, sur ses écrans, sa création. La créature était, à l'int‚rieur d'une hutte improvisée construite avec des longues feuilles, en train de faire du feu pour se protéger d'une tempête qui s'approximait. La première pluie qu'ils auraient à endurer. Mais cela n'avait plus d'importance à présent. La colline s'éleva peu à peu, avant de devenir une masse noire et luisante assez symétrique, avant de disparaître entre les nuages pour ne plus revenir.

        La créature regardait sa famille dormir sous la petite hutte faite des grandes feuilles dont il connaissait parfaitement la consistance et la résistance, qu'il avait trouvé sur un arbre dont il connaissait toutes les caractéristiques. Toute sa famille était assoupie près des cendres du feu qui les avaient rechauffés la nuit dernière. Le froid. Jamais il ne l'avait ressenti.
Cependant il savait que la souffrance était un des prix à payer pour la connaissance qu'il avait acquis.

Malheureusement,  il découvrit bien vite qu'il était difficile d'enseigner tout son savoir à ses enfants. Même s'ils progressaient assez vite, beaucoup de choses ne pourraient jamais leur être expliquées. Comment leur dire ce qu'était la fission nucléaire ? Il pressentit que, bien vite, les connaissances se perdraient. Mais il savait qu'il avait réussi une chose, à créer une flamme qui était un désir d'apprendre, qui allait briller dans toute sa descendance.

        Il ne parla jamais à ses enfants, ni à ses petits-fils de son créateur ni de son vaisseau. Cependant, des rumeurs avaient sûrement circulé. Quand il mourut, il fut enterré par ses descendants, et, quand un de ses petits-fils demanda à son pŠre où grand-père était allé, il obtint une réponse qui allait se transmettre de génération en génération:

       -"Il est allé au ciel pour rejoindre son créateur: il est retourné vivre avec Dieu."
 

 - Newsdee (1997)